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Retour sur la création de ma robe de princesse

Vous l’avez aperçu dans l'article “Libéré Délivré”. Vous l’avez probablement vu tournoyer dans la neige sur Instagram. Mais je n’ai jamais pris le temps de vous raconter l’histoire de cette création.


Nous sommes en fin octobre 2020, le confinement nous pend au nez. Les entrepreneurs sont stressés par leur chiffre d'affaires en baisse, agacés par ce port de masque obligatoire, et inquiets pour eux et leur famille quant à ce maudit virus. Autant vous dire que chercher un stage dans ses conditions, n’est pas une mince à faire.


J’épie Google Map, Instagram, je cherche une couturière, une retoucheuse, une costumière, une usine de confection. J’appelle toute la communauté couture d'Ille-et-Vilaine, de Vendée et des Deux-Sèvres. J’imagine différentes approches, je flatte, je supplie, mais le ton de la réponse reste le même : “Désolé, je ne prends pas de stagiaire”, “Vous comprenez, si je vous prends, je devrais portez ce masque toute la journée, il en est hors de question”, “Malheureusement, j’ai déjà une stagiaire sur cette période”, “La boutique est en liquidation, j'arrête à la fin du mois”, “J’aurai bien aimé mais notre activité est à l’arrêt avec le Covid”. Mon stage est censé commencer dans trois semaines et je suis désespérément bredouille.


Ce matin-là, malgré mon masque coloré, je crois que Marion a compris ma mine de déterré. Marion c’est une collègue de formation, elle a l'air très sympathique, cela fait juste un mois que la formation à commencer, pour le moment, je n’ai eu que peu de moment pour échanger avec elle. Nous attendons la prof dans le couloir, chacune des élèves, raconte qu’elle a trouvé son stage et la question m’est naturellement posée : < Et toi Flavie, tu vas où ?

- Et bien, pour le moment, j’ai pas trouvé.

C’est à ce moment que Marion m’a annoncé la plus belle nouvelle de l’année.

- Si tu veux, tu peux venir avec moi, je vais chez une corsetière, Carine, à Chateaubriand. Elle m’a dit qu’elle peut prendre deux stagiaires en même temps.

- Eh OUI, carrément OUI !!!!!!>


Un espoir illumine enfin cette interminable quête. Je téléphone donc à Carine, bien entendu je n’arrive pas à l’avoir du premier coup. Il ne faudrait pas que, tout d’un coup, tout soit hyper facile. À la fin de la journée, j’ai enfin la bonne nouvelle, Carine est tout à fait motivée pour m’accueillir dans deux semaines. J’irai la voir mercredi prochain pour faire connaissance et remplir les conventions. Quel soulagement !


L’atelier de Carine c’est… C'est un truc de ouf !! Une pièce remplie de merveilles. Les machines, la table de découpe et les mannequins, c’est déjà une chose lorsqu'on s’initie doucement à ce nouveau monde. Mais alors, ces mètres de tulles à paillettes, de satin scintillant, de broderies perlées, de rubans de toutes les couleurs, cette étagère débordante de mille coupons de tissus, et celle-ci rempli de bobines de fils jusqu’au plafond, sans compter les dizaines de robes de princesses et de corsets suspendues un peu partout. L’atelier est petit, l’atelier est dense. Je crois que je n’ai pas été très efficace lors de cette première journée mais j’étais tellement excitée par ce monde de paillettes et de beauté que j’en perdais toute ma concentration.


Maintenant que le contexte est posé, venons-en à cette fameuse robe de princesse. Pour notre deuxième semaine de stage, Carine nous propose un challenge. "Bon les filles, pour lundi vous dessinez chacune une robe pour vous ou qui vous voulez. On ira se fournir en tissus ensemble et on se donne le reste de la semaine pour la monter. Ça marche ?”

Je me mets à deux cents pourcents dans ce challenge et imagine une robe de grande danseuse de ballet sur le thème de la voie lactée : tulle bleu nuit, paillettes qui scintillent à chaque pirouette et renvoient la lumière des projecteurs, décolleté très travaillé qui transforme le corps de la danseuse pour ne plus voir la femme mais seulement la robe qui danse.


Je n’ai pas un talent particulier pour le dessin, sans compte que j’ai passé des années à éviter au maximum de dessiner par honte de mon coup de crayon, mais avec cette formation j’ai compris qu’en fait dessiner ce n’est pas un talent, c'est un surtout un entraînement et qu’en on part de très loin, l’avantage c’est que la marge de progression est importante. Voici donc le modeste dessin :



Croquis en couleur de la robe de princesse, boite de crayons de couleur Carand'ache
Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET Croquis de la robe de princesse

Après avoir étudié nos dessins, Carine nous emmène au magasin de tissus. Par chance, c’est la période des fêtes il y a donc du tulle à paillettes à gogo, par contre je ne trouve pas le coloris convoité. Je m’adapte et décide alors que la jupe ne sera pas bleue nuit-voie lactée, mais blanche pailletée-reine des neiges !!


Le patronage a été une sacrée épreuve, il faut dire que je conçois mon premier corset baleiné, sans bretelle. Et je ne me suis pas facilité la tâche avec ce décolleté plongeant. Heureusement, je peux compter sur les conseils de Carine pour, pas à prés pas, toile après toile (il en aura fallu quatre) concevoir mon premier corset.


Une fois le tissu coupé, je commence alors le montage des différents panneaux du corset en satin, puis de la doublure en coton. Je crée des coulisses pour mettre les baleines. De nouvelles techniques, une machine que je maîtrise mal, bref, j’ai eu fooooortement besoin de mon découd-vite. Mais ce n’est pas fini, il a fallu ensuite couper les jupes (il y en a quatre), les assembler en équilibrant les pans de la jupe et ajouter la fermeture invible. Avant de passer à la création d'une culotte en lycra et enfin assembler le tout à la base du corset. C’est y est, c’est fini.


Robe de princesse corseté, zoom sur le corset baleiné, sans bretelle, couleur bleu satiné, décolté profond camouflé par un voile résille couleur chair.
Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Arthur PIERRE @arthurpierre61200 Robe de princesse corseté, zoom sur le corset.

Je me déshabille au fin fond de l’atelier entre une jupe crinoline et une colonie de corsets. J’enfile délicatement la robe. Carine tire les ficelles bleues pailletée et le corset se plaque à mon ventre, à ma poitrine. Elle sert encore, je prends une minute pour habituer ma respiration à cette contrainte. Face au miroir, je découvre un scintillant reflet, je me suis transformée en princesse !! J’ai envie de danser et de chanter !! Bon, je me retiens parce que je ne sais pas très bien chanter.


À la fin de ce stage de trois semaines en passant la porte de ma maison, je me suis écroulé, les yeux pleins de larmes. C’était un gros challenge, j’ai passé dix jours à faire et défaire cette robe de princesse, c'était difficile, pourtant, je n’ai jamais lâché, je n’ai jamais froncé un sourcil, ou soufflé d’agacement. Je crois que j’avais envie de me prouver ma détermination et ma motivation à devenir couturière. Je suis fière de l’énergie que j’ai investi dans ce projet et très heureuse du résultat.





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