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Ma première année de couture, PARTIE 3/3

La face cachée d’un changement de vie


Bricoler avec ma machine à coudre, expérimenter des techniques hasardeuses, découdre, trouver le courage de recommencer, voir les tissus s’assembler jusqu'à créer, de mes propres mains, les nouveaux vêtements et accessoires de ma garde-robe, c’est mon nouveau quotidien ! Enfin c’est la partie qu’on aime montrer d’un changement de vie. Aujourd’hui, je vous dévoile la partie beaucoup moins sexy du changement de vie, elle demande au moins autant de courage et d'investissement car elle est indispensable pourtant son aspect un quelque peu repoussant, il s’agit de la paperasse. C’est fastidieux de raconter les nombreuses recherches, rencontres, appels, courriers, mails de toute une année. Pourtant, il me paraissait nécessaire de ne pas omettre dans mon histoire ces étapes parfois stressantes, régulièrement décourageantes, les éternels délais d’attente, les petites victoires et aussi les grandes.

la face cachée d'un changement de vie, la paperasse
Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET @surlalunedeflavie

L’été 2019



Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET @surlalunedeflavie

Rappelez-vous de l’article n°4 : Le Déclic, je vous y explique ma volonté de me former. De longues recherches m'ont amené à choisir le “CAP vêtement flou” en formation adulte. Neuf mois de couture intensive pour acquérir ce savoir-faire que je convoite tant. Mais cette chance de développer mon savoir-faire à un coût.


La première étape est donc de trouver un financement. Forte heureusement dans notre pays les aides sociales pour la formation et la reconversion existent. Je vous raconte mes péripéties.


Pour se faire financer, il faut un organisme qui valide le projet professionnel, pour moi c’est le fameux Pôle Emploi. J’ai bien conscience que le système social est un peu tordu, mais je sais aussi qu’il existe de nombreuses solutions et que Pôle Emploi est un organisme de confiance. Pourtant mes premiers contacts avec cet organisme ont été plutôt compliqué. Je suis très peu écoutée et très mal dirigée par mon conseiller. Je pense que cette personne a perdu la passion de son métier. Avec un conseiller qui ne conseille pas, ce n’est pas évident d’avancer sur l’aspect financier de mon projet. J’ai de plus en plus de questions qui restent sans réponses, ce Monsieur m’explique que mon projet n’est pas assez abouti pour que l’on se rencontre. Je ne sais pas comment me faire entendre, la panique s’installe.




L’automne 2019

Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Arthur PIERRE @arthurpierre61200

Après de longues recherches et de longues discussions avec mon entourage, j’ai une solution : demander à changer de conseiller, car a priori cela est possible ! Mais, vous allez voir, ce n’est pas si simple que ça. Lorsque je me présente au guichet de Pôle emploi, ma lettre de demande de changement de conseiller n’est pas acceptée,“Madame, essayer de prendre un RDV avec cette personne et si vos questions restent sans réponse, revenez avec votre lettre”. Je comprends ce principe de la deuxième chance, j’accepte. Je lui donne même une troisième et une quatrième chance.




L’hiver 2019-2020


Je signe ma rupture conventionnelle, je rencontre la cadre de ma future formation. Ma reconversion professionnelle est lancée et Pôle Emploi ne me répond toujours pas. Six mois que je pose les mêmes questions à la même personne sans obtenir d’informations pertinentes. Il est tant d’aller déposer cette lettre.

Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Arthur PIERRE @arthurpierre61200

J’arrive au guichet pleine de détermination. J’attends mon tour en repensant à ses six mois de questionnement, j’ai hâte d’y mettre fin. Je repense aussi à la première lettre, celle qu’ils ont refusé, l’angoisse monte. S’ils refusent encore que va-t-il se passer ? C’est à moi, je m’avance au guichet, l'hôtesse me dit “Bonjour.” d’un ton aimable mais froid, “Votre numéro d’identifiant Mademoiselle". Je tremble, je ne retrouve pas mon code, je panique, et les larmes coulent sur mes joues.



Je me sens perdu face à la rigidité de l’administration, les codes, les procédures, les cases, les délais, c’est effrayant. Face à mes larmes, l'hôtesse adoucit sa voix, elle me donne un mouchoir, m’écoute, réponds à mes questions et prend ma lettre en m’assurant de s’en occuper dans la journée. Deux jours plus tard, je suis sous l’aile d’une nouvelle conseillère, une personne investie, à l’écoute, informative et efficace, elle me convient parfaitement. Cette annonce est excellente, avec une oreille attentive et bienveillante à mes côtés, je redouble de motivation pour avancer dans mon projet. Je passe alors à la seconde étape.


Mes recherches m’ont amené à demander une participation à la région pour couvrir mes frais de scolarité. Je fonce au conseil régional récupérer le formulaire d’aide au financement de formation, de son petit nom “Qualif’emploi”. Celui-ci n’est pas encore disponible, je reviens une deuxième fois, et la troisième sera la bonne. Lorsqu’on me délivre mon formulaire, on me préconise d’attendre le printemps pour faire ma demande. C’est vrai que je parais peut-être impatiente. Ma formation ne commencera qu’en septembre 2020, mais j’ai tellement envie d’apprendre, j’ai trop hâte. On m’explique que c’est la procédure, alors avant d’apprendre à coudre, je vais apprendre à attendre. J’occupe mes journées de petites cousettes et de tricot, je bidouille ma machine à coudre, reproduis les tutos de youtubeurs... Les journées passent plus vite. Comme si j’avais le pouvoir d'accélérer le temps, j’espère faire avancer le printemps.


Le printemps 2020


Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET @surlalunedeflavie

Comme à peu-près le monde entier, je passe mon printemps à mon domicile, les semaines défilent, la société est arrêtée. J’ai peur de ne pas avoir le temps de monter mon dossier Qualif’emploi avant les fermetures estivales et la rentrée de septembre. Je reprends contact avec le centre de formation. Au vu des blocages administratifs liés aux circonstances sanitaires, l’école me réserve une des quinze places de la formation.


C’est un soulagement et l’occasion d’un énième apéro de confinement. Je poursuis mon apprentissage de la patience, je crochète, je surjette, je m’imagine en écolière, en couturière jusqu'à la levée du confinement.


Lorsque les administrations rouvrent leurs portes, mes démarches s'accélèrent enfin. J'enchaîne les coups de téléphone et les mails entre Pôle Emploi, l’école, la région et les autres organismes sociaux afin de réunir tous les justificatifs et attestations nécessaires pour monter le dossier de financement.


L’été 2020



Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET @surlalunedeflavie

Un entretien téléphonique est organisé avec ma conseillère Pôle emploi pour valider mon projet professionnel. Pendant plus d’une heure, elle écoute mon projet, teste ma motivation, questionne mon avenir. Puis, elle m’informe et me conseille sur la suite des événements. Mon projet professionnel est validé, les documents signés dans la journée.

La semaine suivante, je me rends au centre de formation, l'assistante valide mon dossier d’aide de financement et m’inscrit pour la rentrée de septembre. Le même jour, je poste la grosse enveloppe kraft à la région.


Les dés sont lancés. Après un an de paperasserie, c’est le dernier délai d’attente. Je trépigne d’impatience, je ne sais plus comment occuper mon cerveau pour faire avancer les journées. Chaque jour, je scrute impatiemment le passage du Kangoo jaune du facteur et épis la boîte aux lettres qui reste désespérément vide.


C’est une vingtaine de jours plus tard que je découvre, enfin, l’enveloppe du conseil régional. Je me frotte les yeux pour m’assurer que ce n’est pas un mirage. Dans la rue, décoiffée, en jogging/chaussettes/sandalettes, je regarde cette enveloppe comme mon Saint Graal. Je retiens ma respiration. De la musique épique résonne dans ma tête lorsque je passe l’index sous le rabat pour le déchirer doucement. Je lis, “ Madame, J’ai l’honneur de vous informer que j’ai décidé de vous accorder le bénéfice d’une prise en charge des frais pédagogiques de votre formation. C’est accepté ? Je relis, pour être sûre. C’est accepté !

Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET @surlalunedeflavie

Je saute, je danse, je chante follement dans la rue. Je finis par reprendre mes esprits et rentrer dans la maison.

Comme à bout de force après un périple d’une année, je m’écroule sur le canapé en prenant conscience du chemin effectué et de celui qui reste à parcourir.


Ça y est, c’est sur, je vais la faire cette formation, il n’y a plus de doute.


Cette somme d’argent couvre presque les trois quarts des frais de scolarité. Pour le reste, il est peut-être envisageable d’utiliser mon CPF (compte professionnel de formation aussi connu sous le nom de DIF). Mais je reçois différents sons de cloches de la part de l’école, de la région et de pôle emploi à ce sujet. Ça à l’air délicat cette histoire de CPF. A priori, en fonction du moment où on le met à disposition et à qui on le donne, c’est plus ou moins intéressant financièrement. J'écoute les différents avis avant de risquer de perdre ce pécule.


Et finalement, je prends le pari de me laisser guider, sans résistance par la première personne qui me contactera à ce sujet. J’en ai marre des angoisses administratives. Alors advienne que pourra ! Si je peux les utiliser tant mieux pour mon porte-monnaie et sinon tant pis, je mangerai plus souvent des pâtes au beurre et je m'auto financerais.

Un beau jour, l’école me téléphone, “Bonjour Mademoiselle, c’est urgent, pouvez-vous aller sur internet, cliquer sur un bouton, c’est pour mettre à disposition votre CPF et financer la formation”. Le téléphone dans la main gauche, je me laisse guider par cette hot-line improvisée et mon index droit glisse sur le pad de l’ordinateur. Clic, clic, clic et c’est tout. “Merci Mademoiselle, tout est pris en charge, on se voit en septembre”.

Sur la lune de Flavie - Blog - Photo © Flavie PIPET @surlalunedeflavie


Ma formation est payée, je n’ai plus de raison de stresser, mon chemin vers la couture est tracé.





Épilogue


Je ne sais pas si vous êtes arrivés au bout de ce long texte, mais si c’est le cas, je vous remercie pour ce moment que l’on vient de partager. J'espère vous avoir transmis un peu d’émotion, peut-être l’envie de vous lancer, car vous avez vu, ce n’est pas si sorcier. Mais ce que j'aimerais faire ressortir de cette longue histoire, c’est que chaque journée vécue cette année, chaque émotion, la longueur des délais d’attente, la rigidité des formulaires, mes petites cousettes, le blog et tous les détails de ce nouveau quotidien comptent. Pas après pas, je me construis, j’invente mon projet, je crée ma réalité. Il y a des hauts, des bas. Quoi qu’il arrive, je crois en mon avenir. Et chaque matin, je me rappelle les paroles de maître Oogway : “Hier est derrière, demain est mystère, et aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela qu'on l'appelle le présent.” (citation de Kung Fu Panda).



 

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