Le 14 février est communément la fête des amoureux, pour moi cette année ce fut bien plus, une fin, un début.
Une fin :
Depuis mon déclic (à lire dans l’article n°4), ouvrir la porte de mon petit bureau aux murs blancs devient un fardeau. Combien de mois suis-je capable de me lever le matin pour faire ce qui ne me plait pas ? Dès mon retour de congés, je partage à mes collègues et à mes responsables mon souhait de changer de voix. C’est le commencement des démarches pour assurer une transition la plus favorable possible.
En cette fin d’été, mes recherches sur ma future formation se peaufine. C’est décidé, à la rentrée prochaine, je me lance dans un CAP vêtement flou pour devenir couturière professionnelle. Octobre est le moment de ma rencontre avec une psychologue faisant de la thérapie cognitivo-comportementale. Ce projet de changement me rempli d’émotions positives mais également d’angoisses, de peurs, de questions. Arrêter mon métier signifie perdre mes repères, retourner à l’école, être confrontée à un monde inconnu, j’ai besoin d’aide pour m’affirmer, prendre confiance en moi, en mes choix et limiter les crises de panique contre productives. En novembre, je fais le point au service des ressources humaines sur mon droit à la formation. Le mois suivant, je m’entretiens avec le DRH afin de demander une rupture conventionnelle. Les semaines sont longues, chaque petit pas m’approchant de la fin compte pour garder le moral et me lever le matin. Le week-end ma machine à coudre me rebooste, les tissus s’empilent dans l’étagère, ma tête invente les cousettes.
Dès le début d’année, les décisions tombent, d’une part ma rupture conventionnelle est acceptée, de l’autre la cadre de mon futur CAP me reçoit en entretien, elle est très enthousiaste face à mon dossier. Quotidiennement, j’ouvre l’agenda pour cocher la journée terminée et compter le nombre de jours restants. L’arrêt du contrat sera effectif le 14 février, j’aimerais poser des congés pour écourter ce chapitre, mais pour le moment nous n’avons toujours pas trouver ma remplaçante, il est donc possible qu’on me demande de rester jusqu’au bout. La fin janvier approche, je suis à bout d’énergie, je n’arrive plus à faire mon travail convenablement, je n’ai plus qu’un mot à la bouche : je pars.
C’était le 31 janvier, ma dernière journée de travail, je n’ai pas beaucoup travaillé. J’ai organisé un petit déjeuner de fête pour mes collègues : pain complet fait maison, miel, confiture, gâteau au pommes, cookies, Cacolac… Souriante, fière et audacieuse, je suis allée saluer les personnes avec qui j’ai aimé travailler, jamais je n’avais autant discuté avec eux, en cinq années de service. On me disait “Ça ne fait pas trop bizarre de tout quitter ? Tu n’es pas triste ?” Ma réponse : “Bah non, je suis contente de partir”. Plus qu’une demi-heure et il sera temps de rendre les clefs du petit bureau. J’envoie un mail d'au revoir à l’ensemble des salariés de la boîte, avant de partager un dernier café avec ma collègue. Au moment d'éteindre l’ordinateur, je regarde mes mails par réflexe, des dizaines de messages d'au revoir et de remerciement s’affichent. Ils me rappellent les petits moments partagés avec ces gens qui sont dans ma vie depuis plus de cinq ans. Les larmes envahissent mon visage. Je prends conscience que je quitte mon quotidien, j’ai beaucoup de gratitude pour ces années, ses rencontres. J’ai appris tellement de choses au contact de tous ces humains. J’ai grandi. J’ai changé. J’ai découvert qui j’étais, qui je voulais être. Merci.
Dans la voiture, il fait beau dehors, il y a du Goldman à la radio. J’aimerai avoir des essuie-glaces incorporer dans mes yeux. Je chante, je pleure, j’extériorise tous ses émotions comme je peux au volant de ma 207. Jean-Jacques est toujours là quand il faut.
Un Début :
Ça y est, le moment tant attendu est arrivé, mes journées vont enfin être consacrée à ma machine à coudre. Je suis la femme la plus heureuse de cette planète et pourtant de nouvelles peurs surviennent comment organiser mes journées, comment ne pas sombrer dans l’ennui, les grasses mat’ interminables et Netflix ? J’utilise alors un peu de temps à l’organisation d’une routine :
⭐ Dix minutes de méditation quotidienne pour rester dans l’instant présent et lutter contre les angoisses
⭐Coudre un nouveau vêtement chaque semaine
⭐Créer ce site internet et l’alimenter tous les huit jours, afin de partager mon parcours et mes créations
Voilà mes ancres pour rester dans la réalité tout en profitant de ses doux mois de liberté.
Ma première envie de couture à été de créer ma tenue de Saint Valentin. Le père Noël nous a offert une invitation à un repas gastronomique pour deux au Château d’Apigné, nous fêterons là-bas notre 14 février : la fête des amoureux, la fin de mon contrat de travail, la fin de ma carrière de diététicienne, la fin d’un épisode de vie, le début d’une nouvelle aventure.
Le body vert, manche trois-quart, est en jersey vert impérial.
L’encolure bateau et le dos nu qui dévoile la nuque jusqu’en bas des omoplates sont soulignés par une surpiqûre double. Le tissu est ajusté au buste et à la taille sans être serrant. La partie culotte est fortement échancrée et s’attache à l’entrejambe par des agrafes de lingerie. Le patron est fait maison en utilisant pour modèle, une de mes robes préférées pour l’encolure, le dos et les manches, un body pour ajuster le buste et la taille, enfin une petite culotte m’a permis de dessiner le bas du vêtement. Il m’a fallu plusieurs heures pour concevoir le patron. Coudre cette ouvrage a été un réel challenge. C’est la première fois que je réalise des manches, une surpiqûre et utilise des agrafes de lingerie. Sans oublier qu’il est prévu que je porte ma création dans un restaurant gastronomique, la pression. J’ai dû réajuster le body au niveau des emmanchures et de la culotte à plusieurs reprises avant d'obtenir un résultat satisfaisant. Je manie le découd-vite aussi bien qu’Arthur manie son épée. Mon body n’est pas parfait pourtant c’est une belle création. J’ai appris de nouvelles techniques, les bruits de ma machine me sont plus familier et ma précision sur la pédale s’améliore, il en résulte des coutures de meilleure qualité. J’ai très envie d’être au jour-J pour enfin enfiler mon body vert.
La jupe patineuse, a été conçu plus rapidement.
Issus de l’agriculture biologique ce tissu épais, noir avec chevrons vient de chez Ecolaine (merci aux collègues pour le bon d’achat offert au petit déj' de départ). Pour la confection de ce vêtement, il suffit de plier le tissus en quatre, calculer le rayon nécessaire pour la taille et pour le bas de la jupe, tracer ses deux arcs de cercle sur le tissus et les découper. Lorsqu’on le déplie, on obtient un grand donut. J’ai ajouté une bande à la taille pour cacher l’élastique et un biais noir satiné est surpiqué en bas pour plus d’élégance. Une jupe taille haute, s'arrêtant aux genoux et qui tourne, parfaite pour les sorties chic de l’hiver.
Le valentine's day :
J’enfile ma tenue, coiffe mes cheveux, mets du mascara, mon amoureux a mis une belle chemise. Après quelques minutes de voiture, nous arrivons au portail du château et tout de suite une ambiance enchanteresse s’installe. La cours du château, les escaliers, la porte, le hall, le décor nous emmène. L'hôtesse d'accueil prend mon manteau, je suis trop fière de ma belle tenue. Nous nous installons à une table ronde dans la salle de restauration ornée de dorures, miroirs et chinoiseries, nous nous laissons guider par le service délicat et bienveillant. Loin de notre routine, nous discutons, nous rions, nous nous aimons, nous célébrons, c’est un moment unique. Les mets et les vins sont exquis, le temps, les questions, les peurs s’estompent. Lorsqu’il est l’heure de rentrer, je suis abasourdie par ce voyage, un tel dépaysement à seulement cinq minutes de la maison, c’est fou. Je demande à mon homme de rouler plus longtemps, pour profiter encore de cet instant de béatitude. Pour l’anecdote j'étais tellement détendu et probablement un peu saoule que j’en ai oublié mon sac à main au restaurant.
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Sur la lune de Flavie - Blog - Créations couture et tricot
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