D’où vient cette envie de tricot ? Petite, j’ai toujours vu ma mère tricoter devant le téléfilm du soir. J’étais fascinée par les pelotes de couleurs, les aiguilles, sa dextérité, sa concentration. J’adorais ses créations, je crois que ma préférée c’était mon pull La Belle et le Clochard.
Cela fait dix ans que je rêve d’avoir ce savoir-faire et la volonté de tricoter un pull en entier, mais il faut beaucoup de patience pour apprendre à tricoter. J’ai essayé quelques écharpes, à chaque fois, je tricote trop serré, je fais des erreurs que je ne sais pas comment rectifier, alors, en panique, je vais voir ma mère pour qu’elle rattrape mes mailles perdues. Elle s’installe sur le canapé, ouvre le sac à tricot, observe mon ouvrage avec son œil expert, commente brièvement ma catastrophe et en deux temps trois mouvements, elle rafraîchit le tricot, époustouflant. Mes écharpes restent souvent à l’état de projet, j’ai réussi à en terminer quelques-unes, elles sont plus larges à la fin qu’au début ou criblées de trous, bref jusqu'à présent je suis une bien piètre tricoteuse.
J’ai ai marre des écharpes ratées, j’ai la détermination de faire un pull, un pull sans trou, assez beau pour pouvoir le porter fièrement en repas de famille et dire “c’est moi qui l’ai fait” et je veux le faire sans avoir besoin du talent de ma maman. Gros challenge !!
La préparation du projet ? Pour le modèle, j’imagine un crop pull avec aux manches un trou pour le pouce. Je vais à la mercerie, caresse les pelotes de laine, jusqu’au moment où je flashe sur une laine bleue Cheval Blanc. Combien me faut-il de pelotes pour réaliser un crop pull avec aux manches un trou pour le pouce ? J’imagine des calculs savants, j’hésite, je lis toutes les étiquettes des pelotes, je compare, je ne sais pas. Je m’approche d’une vendeuse pour lui poser ma question. Elle est désolée, elle s’occupe du rayon tissus et ne sais pas me répondre. C’est alors qu’intervient une cliente, une petite dame enjouée, elle a les cheveux blancs, des lunettes et une pile de tissus colorés dans les mains. Le cliché de la mamie qui passe ses journées à créer pour le plus grand plaisir de ses petits enfants. “Moi je mis connais en tricot, racontez-moi votre projet”. D’un air avisé elle estime que j’aurai besoin de huit pelotes. Je prends alors les huit pelotes et également des aiguilles à tricoter en bambou et de grosses aiguilles à coudre.
Comme à chaque fois que je m’essaye au tricot, j’ai tout oublié. Merci à YouTube et tout particulièrement à la chaîne “La joueuse de pelotes”. Si l’envie vous vient de vous mettre à tricoter, je vous conseille vivement de visionner les vidéos de cette chaîne. J’ai patiemment appris à monter et rabattre les mailles, comment faire les mailles à l’endroit, à l’envers, les boutonnières, et elle explique aussi les erreurs de débutants pour éviter les augmentations, les réductions et les trous.
Imaginer la création ? Je commence mon projet début novembre, avec en tête l’idée de porter mon pull le soir de Noël. N’ayant pas de modèle, j’utilise les mesures d’un pull de ma garde-robe pour estimer le nombre de mailles et le nombre de rangs nécessaire. Pour la forme du pull
le devant et le dos seront deux rectangles identiques sans encolure, mais avec un point en côte 2/2 pour marquer l’emplacement de l'encolure. Pour les manches, je ferai également quelques rangs en côte 2/2 au niveau du poignet et j’intégrerai une boutonnière, ce sera le trou pour le pouce. L’ensemble du pull sera fait en point jersey (un rang à l’endroit puis un rang à l’envers).
Et la conception ? Je suis lente, cela fait près d’un mois que je suis sur la partie avant du pull, c’est long, j’ai vite mal aux mains à force de trop serrer mes aiguilles. Je fais des erreurs, je n’arrive pas toutes à les rattraper, les premiers trous apparaissent, je suis terriblement déçue. Je suis même aller voir ma mère, une fois. Elle corrige mon micmac de boucles débouclées et me fait des éloges sur mon ouvrage. Je poursuis mon tricot, pourtant mon enthousiasme diminue. Plus qu’une dizaine de rangs et j’aurais terminé la partie avant du pull. J’observe mon travail, il y a quatre ou cinq trous, certains rangs sont plus serrés que les autres, ce n’est pas très esthétique. Je retire l’aiguille de bambou, je tiens fermement le tricot d’une main, je tire sur le fil de laine de l’autre et je regarde les boucles qui sautillent en se détachant.
Je repars de zéro, déterminée plus que jamais. Je porterais mon pull le soir de Noël. J’ai gagné en concentration, en dextérité et en rapidité, je ne fais plus les grosses erreurs du début, lorsqu’une maille m’échappe, je sais comment la reprendre. Je suis pleine d’assurance et de motivation. Le dix décembre, le devant est terminé. Le vingt décembre, le dos est terminé. Le vingt-trois décembre, il est 17 heures, je finis la première manche. Déterminée, je commence la deuxième sans plus attendre. Installée confortablement sur le canapé, mon amoureux m’apporte à boire et à manger pour me soutenir. Pour garder ma concentration et ma cadence je fais une petite pause tous les dix rangs en réalisant quelques tractions à la barre accrochée à la porte de notre cuisine. L’activité physique c’est bon pour la détermination et ça permet de décontracter les crampes qui me tiraillent les doigts. Je suis à la moitié de la manche lorsque je tombe de fatigue. Le lendemain, ils nous restent encore des courses de Noël à faire et les cadeaux à emballer, puis il faut se préparer pour la soirée de Noël, la journée est trop remplie pour reprendre mes aiguilles. Nous avons presque trois heures de route pour rejoindre la famille de mon homme pour le réveillon. Il me reste donc trois heures pour terminer mon pull, l’étau se resserre, acharnée, j’y crois. Le moteur de la voiture démarre, je reprends mon ouvrage. Malgré les rond-points, les virages, les petites routes cabossées et la lumière du jour qui diminue, je compte les rangs, j’enfile les mailles sans m’arrêter. Quand la voiture se gare, je tricote la dernière maille.
Il ne me reste presque plus de laine pour rabattre les mailles et je n’en aurais pas assez pour coudre les pièces ensemble. Je ne porterais pas mon crop pull avec aux manches un trou pour le pouce ce soir. Je suis attristée un instant, mais la satisfaction de mettre surpasser est un sentiment bien plus fort. Je profite pleinement de ce délicieux moment de partage en famille.
Est-ce que j’ai finis le pull ? J’ai laissé passer Noël. En ouvrant mon sac à tricot, quelques jours plus tard, une mauvaise surprise m'attend, l’aiguille en bambou s’est cassée, trimbaler de maison en maison, elle a succombé à tous ces trajets. Je rabats avec peine mon ouvrage. J’ai récupéré chez ma mère une pelote de laine bleu de la bonne épaisseur, ce n’est pas le même bleu mais avec la méthode de la couture invisible cela ne se voit pas. J’ai fini mon pull et je l’ai porté très fièrement pour le nouvel an. Un challenge rudement mener et de belles anecdotes à vous raconter.
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