C’est ma première cliente, et ce n’est pas la plus simple des clientes, un mélange entre la douceur d’une maman et l’exigence d’une businesswoman, coudre un vêtement pour cette grande femme de ma vie est un challenge.
J’ai envie de ce challenge, peut-être comme d’une preuve de son soutien dans mon changement de vie, pourtant, je sais bien qu’elle sera toujours là pour moi, mais à ce stade de ma vie où j’ose affirmer mes envies et mes convictions, je crois qu’il me fallait un acte pour consolider notre confiance.
Je lui propose, donc de lui faire un vêtement. D’abord, elle hésite, me dit qu’elle n’a pas trop d’idée, qu’elle va y réfléchir. J’attends et quelques fois, j’ose lui rappeler que j’ai envie de coudre pour elle. C’est lorsque mes parents sont revenus de leur voyage au Vietnam, avec leur 23 mètres de tissus qu’elle m’a confié la mission de recopier un des hauts de sa garde-robe.
Ravie, j’ai envie de lui montrer mon professionnalisme, j’entre dans la peau d’une couturière à domicile. Elle me présente le projet. Nous choisissons un coupon dans la pile de tissus qu’elle a rapporté du Ben-Thanh Market d’Ho-Chi-Minh. Et je rentre à l’atelier de couture (mon salon) pour créer le patron.
La conception : Le haut est déformé par l’usure et l'élasticité du textile, cela rend le patronage complexe. Je dessine le contour du tissu, puis j'ajuste à la main, les courbes et les angles pour redonner de l’élégance à cette blouse sans manche.
Le tissu, du crêpe fleurie, est fin, fluide et glissant, ce qui rend la coupe périlleuse. L’assemblage des pièces se fait sans difficulté, j’improvise les fronces en haut de la partie avant du tee-shirt, et pour une première, je suis satisfaite du résultat.
L’essayage : Je vais donc chez ma cliente avec un mélange de joie, d’anxiété et d’impatience. Elle commente : la coupe lui plait, elle se voit porter ce motif et le vêtement est confortable. Pour le point négatif, la blouse recouvre les hanches, elle est trop longue, cela ne lui convient pas. Nous évaluons ensemble cet ajustement.
De retour à l’atelier, je m’attaque aux finitions, les ourlets des emmanchures, celui du bas du vêtement, le biais du col et de la fente en haut du dos, je finis en attachant le petit bouton à l'arrière du col. La blouse est terminée. Repassée, pliée et emballée dans une pochette de tissus, je livre ma création. Ma cliente semble contente, elle l’essaye, on la prend en photo. Elle trouve que la blouse est encore trop longue et pourtant elle n’arrive pas à me dire de rectifier la coupe. Elle semble perdue dans sa dualité, comment allier la douceur de la mère et l'exigence de la femme d’affaire. Je lui assure, avec tout mon professionnalisme et toute ma sincérité, que je suis tout à fait prête à refaire cet ourlet pour apporter pleinement satisfaction à ma cliente. Elle refuse, me dit que ça va aller. J’accepte sa décision et retourne à mes occupations.
Quelques heures plus tard, je reçois un message, finalement elle aimerait une retouche. Je fonce récupérer la blouse et je me mets à l’ouvrage. Je m’applique pour réaliser la plus belle finition possible. Ça y est, c’est enfin parfait. Elle porte cette blouse créée avec amour, et elle la porte bien plus souvent que je n’aurais pu l’imaginer. Je suis fière, et je crois aussi qu’elle aussi est fière, de son nouveau vêtement, de moi, de notre relation et de notre confiance.
Maman merci, pour ce challenge et pour tous nos moments de vie. Je t’aime tout en entier.
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Sur la lune de Flavie - Blog - Créations couture et tricot
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