Connaissez-vous Klaus ? Un film animé extraordinaire de Sergio Pablos sorti fin 2019. Si ce n’est pas le cas, il est important que vous accordiez un peu de votre temps à la découvert de ce chef-d'œuvre. Et pour pouvoir continuer mon article, je vais malheureusement devoir vous spoilez. Ce film nous invite dans une aventure pleine d’émotions, de découverte de soi, de partager et d’humanité pour nous révéler cette formule : “Un acte vraiment désintéressé en appelle toujours un autre”. L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui en est un exemple.
CHAPITRE 1 : Je vous mets dans le contexte
On ne sort plus de la maison, nous occupons nos journées de bricolage, jardinage, couture et jeu de société. Nous connaissons l’actualité, le nombre de cas, les actions de solidarité, les théories du complot. Il y a une invasion de masques en tissus sur Instagram, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, les tutos, les avertissements. Il est difficile de s’y retrouver dans ce méli-mélo d’informations ou peut-être de désinformation. Je fabrique mon premier masque à la demande de mon père, il a vu ça à la télé et il en veut pour lui et pour ma mère. C’est ma première production de masque, je trouve un patron sur internet et expérimente l’assemblage des tissus pour construire une forme convexe qui s’adapte au visage, les multicouches, le montage des élastiques. Une confection simple, il me faut une heure pour faire un masque, j’équipe alors mes parents, mon homme, notre colocataire et moi-même. C’est ainsi que la phase expérimentale commença : les élastiques glissent, la couture du nez fait mal, la respiration est forcée, l’articulation des mots est difficile, il fait chaud. Autant de problèmes qui méritent d’être solutionnés. Mon imagination rêve d’un masque confortable, qu’on peut garder des heures e respirer, parler et bouger en toute liberté.
CHAPITRE 2 : Un acte
Mon homme reçoit un appel, il reprend le travail lundi, ils seront seulement deux sur le chantier, avec respect des gestes barrières, masques, gants, toilettes séparés, solution hydro-alcoolique à volonté, etc.. J’ai eu envie d’aider. Ma proposition est de confectionner des masques en tissus pour les ouvriers de l’entreprise. La réponse du chef “Je suis Fan”. Il en veut quatre pour lundi. J’ai alors envie de donner le meilleur de mon ingéniosité pour confectionner les masques idéaux. Je fais des recherches, prends connaissance des recommandations AFNOR, étudie la qualité des tissus que je possède. Il me faut plusieurs heures pour réaliser le premier masque, j’ai optimisé le choix du tissus, la forme, la taille, le jeu de bride, la bande élastique, l’emplacement des coutures, l’épaisseur. Puis nous lui avons fait passé une serie de tests : le porter plusieurs heures, l'enchaînement de tractions, jumping jack et burpees, secouer la tête dans tous les sens, le laver et j’en passe. Une fois satisfaite du résultat, je confectionne alors les quatre masques, ils sont lavés, séchés, repassés et emballés individuellement dans de petites pochettes hermétiques où je glisse une fiche de préconisations d’usage. Je me suis véritablement amusée tout au long de ce projet, donner le meilleur de moi-même à la recherche de la perfection et du détail qui tue, donner mon temps, donner un peu de ma créativité et des prémisses de mon savoir-faire. Je suis fière de moi et de mes jolis masques barrières.
CHAPITRE 3 : Vraiment désintéressé
Mon homme rentre ravie de sa journée de travail. Le chef a adoré les masques, il veut les acheter, il me demande mon prix et il insiste. Combien coûte l’amusement, la recherche, le détail, le temps, la créativité, mon savoir-faire ? C’est un don et je ne sais pas répondre à cette question.
Mon chéri et moi partageons un goûter dans la cuisine, je fais les cents pas entre le four et l’évier, j’hésite, je refuse, je propose, j’essaie de répondre :
“ Ce qu’il veut ?
- Non, il veut un prix, il veut ton prix ?
- 5 ?
- Non, c’est le prix d’un masque jetable, le tien est lavable.
- 10 ?
- Tu as passé combien de temps pour faire un masque ?
- Je sais pas, moi, je l’ai donné ce temps, je ne l’ai pas compté, peut-être une heure, que dis-tu de 15 ?
- Seulement une heure tu es sûre ? C'était pas plutôt une heure par jour pendant toute la semaine ?
- Tu dirais 20, toi ?
- Je dirais que c’est à toi de décider mais que tu ne dois pas sous évaluer ton travail, tes masques sont tops, tu peux les vendre à 25.
- 25 ? Oh la la ça me parait trop 25, cette question est difficile, je n’ai pas de réponse à lui donner pour le moment. “
Le lendemain il raconte cette discussion et mes hésitations au chef.
CHAPITRE 4 : En appelle toujours un autre
Mercredi soir, lorsqu’il rentre de sa journée de travail, il m’annonce que le chef m’a payé, que c’est dans le camion, il me demande d’aller me confiner dans la chambre quelques minutes et d'en profiter pour bien respirer pendant qu’il retourne au camion chercher mon dû.
Assise sur le lit, interloquée par cette situation, j’imagine des scénarios improbables, je me regarde un instant dans le miroir, cette nouvelle moi, ma tresse sur le côté, je porte les vêtements que j’ai fabriqués, j’ai de grands yeux remplis d’amour et de bonheur, j’inspire, j’expire.
Mon homme entre et m'emmène dans le salon. Sur ma table de couture à droite de ma couturière sans temps et de mon adorable machine à coudre rose, il y a une boîte, scotcher, neuve. Je lis : Singer Ultralock, coud, surjette et rogne en une opération, coud 1300 points/minute, réduit de moitié le temps de couture.
Je ne comprends pas. Il m’explique “ Le chef a acheté cette surjeteuse pour sa femme, il y a dix ans. Elle ne l’a jamais ouvert, il a pensé qu’elle serait plus utile dans ton atelier que dans son grenier.“ Je suis coincé à l'intérieur de moi-même avec beaucoup trop d’émotions que je ne sais pas comment exprimer. Alors dans un mouvement, je grimace de larmes, saute de joie, et cache mon visage de gène. Je prends mon homme dans les bras pour qu’il s'occupe de toutes ses émotions inattendues et c’est là qu’il murmure “Un acte vraiment désintéressé en appelle toujours un autre”.
Les jolis masques
⭐En tissus multicouche, j’utilise principalement du coton, j’ai vérifié la qualité des tissus avec les recommandations AFNOR, j’utilise de joli tissus pour les faces externes, et un tissus de récupération pour la couche interne.
⭐ Pour un plus grand confort du nez, Il n’y a pas de couture apparente au niveau de l'arrête du nez et les tissus sont cranté pour en diminuer l’épaisseur
⭐Il est réversible, les motifs des deux faces sont différents et les coutures sont identiques à l’intérieur comme à l’extérieur, on choisit la face visible en fonction de son humeur ou de sa tenue.
⭐Un jeu de bride adaptable, la pénurie d'élastique m’a poussé à innover. J’utilise une bande de tissus élastique sans couture apparente pour réaliser la bride. Elle coulisse à l’intérieur du masque pour s’adapter aux formes variées de visage. L’extrémité de la bride est noué, l’utilisateur peut ajuster la taille de la bride et en serrant fortement le nœud de façon définitive, il est possible de le faire coulisser dans le tissus du masque pour plus d’esthétique.
⭐ L’emballage : avant d’être livrer, le masque est lavé et séché en suivant les préconisations AFNOR, repassé et soigneusement plié dans une pochette individuelle hermétique, avec une fiche de préconisation d’usage indiquant la description du produit, comment le mettre, l’enlever le masque, le laver et ce qu’il faut éviter.
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Sur la lune de Flavie - Blog - Créations couture et tricot
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